De la sauvagerie à la civilisation serait une autre façon d’exprimer notre long chemin.
L’histoire de l’humanité est aussi celle du passage du règne animal sauvage à une civilisation de plus en plus développée, policée et cultivée. L’humanité est toujours en mouvement vers un plus grand raffinement, vers des réalisations de plus en plus édifiantes et aussi troublantes. Les êtres humains portent en eux-mêmes, non seulement leur histoire récente, celle de leur famille ou de leur village, mais aussi celle de toute la vie animale, dans ses composantes biologiques bien sûr, mais aussi dans ses composantes affectives : l’amour, la haine, la violence physique et psychique, la peur, la sécurité, la tendresse, la sérénité, autant de facettes de notre « humanitude ». Nous seront toujours bassement humains. Humain, trop humain (Nietzsche).
La culture et l’art sont justement les voies et les voix qui nous permettent de nous exprimer et de nous réaliser dans toutes les facettes de notre être. La culture et l’art, cet autre chemin implique un minimum d’éducation et de paix. Le développement, l’éducation (educere : sortir de) et le raffinement ne s’obtiennent pas sans souffrances.
Oui, la paix par un autre chemin ; tout en restant conscient que nous n’y arriveront jamais complètement, qu’il ne faudra jamais abandonner et toujours recommencer, malgré les inévitables rechutes. Si le mot « toujours » est souvent associé au mensonge, dans ce cas-ci, nous savons que c’est l’exacte vérité. La finalité de cette paix par un autre chemin est un défi. Cette poursuite difficile et nécessaire, est pourtant vitale pour notre espèce issue de tant d’évolutions et de métissages heureux.
Laurent Lapierre, C.M., Ph.D. (McGill)
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